C’est à la lecture du Rapport de la Commission des Finances du Sénat, édité en 1921, que l’on en apprend davantage sur le rôle de la Cartoucherie pendant la Grande Guerre
Source gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6455612c/f54
Ce recueil passe en revue tous les établissements du Ministère de la Guerre au lendemain du conflit de 1914-1918 Ainsi, à la page 54 nous pouvons lire :
« Atelier de Fabrication de Toulouse
L’établissement comprenait à la mobilisation une cartoucherie et un atelier du matériel et du harnachement.
D’après le plan de fabrication, la Cartoucherie devait produire, en cas de guerre, en régime définitif, 290 000 étuis, 290 000 balles et 600 000 chargement de cartouches par jour.
L’atelier de matériel devait se tenir prêt à répondre aux demandes de réparation qui lui seraient adressées.
Pour atteindre les rendements de plus en plus élevés (2 millions de cartouches par jour) imposés à l’Atelier de Fabrication par les programmes successifs élaborés au cours de la guerre, il fallut étendre les installations existantes et en outre, pour de nouvelles fabrications, créer deux douilleries, un atelier de réfection des douilles, un atelier de chargement de douilles et tube porte amorce, et des services divers : laboratoire, pyrotechnie, fonderie.
Pour donner une idée de l’activité de l’établissement, nous faisons connaitre ci-après la production totale réalisée de certaines fabrications pendant la guerre :
Pour parvenir à un tel niveau de fabrication, il aura fallu construire, embaucher et équiper !
Pages 61 et 62 un tableau du développement des établissements constructeurs de l’artillerie nous donne quelques éléments sur l’expansion de la Cartoucherie entre le jour de la déclaration de la guerre (1er août 1914) et l’armistice (11 novembre 1918) :
Entre ces deux dates, la superficie a très peu augmentée, progressant à peine de 1 003 734 m2 à 1 034 764 m2 (plus de 100 hectares). Les surfaces couvertes elles, s’accroissent de 79 330 m2 à 206 387 m2 (plus de 20 hectares) et la force motrice, permettant de faire tourner les machines, fait un bond considérable, allant de
260 Chevaux Vapeur en août 1914 jusqu’à 4850 Chevaux Vapeur à la fin de la guerre.
Tout cela a nécessité un investissement total estimé à 14 163 000 Francs (+ de 30 millions d'€uros)
Il est également précisé que l’effectif de l’ATE qui était de 741 au 1er août 1914, culminera à 15 553 personnes le 11 novembre 1918 pour redescendre à 1597 le 1er décembre 1921, à la veille de ce rapport. RG
Après son coup d’Etat du 2 décembre 1851, le Prince-Président réalise un voyage dans le midi de la France afin d’asseoir son objectif : rétablir l’Empire.
C’est dans un but de pure propagande qu’à la mi-septembre, le futur empereur entrprend les visites de Bourges, Lyon, Grenoble, Marseille, Toulon, Montpellier, Carcassonne, Toulouse, Agen, Bordeaux, Angoulême, La Rochelle, Amboise et rentre enfin à Paris.
Après avoir traversé Baziège, c’est le 4 octobre 1852 à 15h30 que Louis-Napoléon pénètre dans Toulouse par le quartier Saint-Michel.
Le lendemain, il est prévu de commémorer « le simulacre de la bataille de Toulouse » (10 avril 1814) qui vit s’affronter les troupes du Maréchal Soult à celles de Lord Wellington.
Mais cette cérémonie, annulée par le Préfet au dernier moment, est remplacée par une revue des troupes à midi, sur le terrain du Polygone.
« C’était un magnifique spectacle, un de ces spectacles auxquels il n’est pas donné d’assister deux fois dans sa vie »
Pour plus de détails : cliquez ci-contre sur l’article paru le
09 octobre 1852 dans Le Mémorial des Pyrénées --->
D’après « L’histoire populaire de Toulouse »
(par Louis Ariste et Louis Braud - 1898) :
« A cette cérémonie furent convoqués les sous-préfets, les juges de paix, les maires et les conseillers municipaux de diverses communes, les fonctionnaires et les citoyens munis de carte, les sociétés de secours mutuels, des députations des départements voisins, etc, etc … »
Pour donner plus de solennité à l’instant, les maires, avait déclaré le Préfet, déposeront aux pieds de son
Altesse Impériale, les vœux de leurs conseils municipaux pour le rétablissement du glorieux empire de Charlemagne et de Napoléon le Grand. Pas moins que ça !
L’AFFAIRE DU BOUQUET DE FLEURS :
C’est au retour de cette manifestation que Louis Napoléon, à cheval et tenant un bouquet de fleurs artificielles à la main, empruntant la rue Saint Etienne pour rejoindre le palais, passa devant la boutique de M. B… chapelier. Une cliente, Mme S.. se tenait proche de Mme B.. qui tenait son enfant dans les bras. Tout le monde cria « Vive l’Empereur ! » Le Prince Napoléon remercia en lançant son bouquet que M. B… ramassa et tendit à Mme S.. qui le garda.
M. B… prétendant qu’il l’avait laissé à Mme S.. pour qu’elle le fasse voir à son mari, lui en réclama la restitution, ce qu’elle refusa, d’où procès.
Après enquête, le juge de paix prononça le 7 janvier 1853, une sentence digne du roi Salomon, par laquelle chacune des parties avait le droit de garder la moitié du bouquet, à moins qu’elle ne préférât remettre 100 Francs à l’autre pour conserver le bouquet entier ......
Le prince-président Louis Napoléon quitte Toulouse le 6 octobre à 7 heures du matin direction Agen.
Il devient Napoléon III le 2 décembre 1852, suite au plébiscite soumis aux français les 21 et 22 novembre 1852.
Nationalement, c’est à presque 97% des suffrages exprimés (suffrage universel masculin) que « Le peuple veut le rétablissement de la dignité impériale dans la personne de Louis Napoléon Bonaparte, avec hérédité dans sa descendance directe, légitime ou adoptive, et lui donne le droit de régler l'ordre de succession au trône dans la famille Bonaparte, ainsi qu'il est prévu par le sénatus-consulte du 7 novembre 1852".
A Toulouse, le résultat du scrutin fût le suivant :
Inscrits 23 358 Votants 15 651 OUI 13 952 NON 1 241 Bulletins blancs 428 RG.
Au hasard de recherches sur Facebook, un de nos adhérents à découvert le site de Joël Aznar.
En 2021, pour commémorer à sa façon la date du 11 novembre, il avait évoqué la mémoire de son arrière-grand-mère, Pascuala DIAZ-SENA.
Née en Aragon en 1897, elle avait immigré en France dans les années 1910 et se retrouva embauchée à la Cartoucherie de Toulouse pendant la première guerre mondiale.
Bien qu'étant de nationalité espagnole, elle fut l’une de nos munitionnettes.
Au regard des effectifs que nous connaissons, inhérents à cette période, on constate qu’elle fait partie des quelques étranger(e)s qui travaillent alors directement au service de l’Etat. Sur le front et de par les stratégies menées par les Etats-Majors des deux camps, de plus en plus de vies sont nécessaires alors qu’à l’arrière, chacun(e) participe activement à l’effort de guerre.
Les besoins en main d’œuvre sont alors phénoménaux car il faut non seulement remplacer les postes laissés vacants par les pères, les maris, les frères et les cousins mais aussi répondre aux besoins démesurés et sans cesse croissants, nécessaires à l'alimentation, l'habillement, l'équipements et l'armement des troupes.
Pour cela, les habitants des empires coloniaux ne sont pas en reste et nombreux constituent les régiments expédiés aux combats pendant que d’autres forment des bataillons envoyés à l’usine.
Pascuala fait partie de ce prolétariat.
Comme le rappelle Joël sur son site, les conditions de travail sont pénibles et dangereuses. Les cadences, l’utilisation de produits toxiques, le port de charges lourdes, le bruit, les accidents, ... constituent leur lot quotidien : 11 heures par jour et 6 jours par semaine.
Au-delà de cette vie professionnelle qui occupe une très grande partie de son temps, de sa vie, Pascuala se marie et met au monde en 1918 son premier enfant.
Après une dure vie de labeur, elle décède, entourée de sa descendance en 1982.
A notre tour, nous avons voulu rendre hommage à cette femme qui traversa des périodes difficiles, à cette munitionnette sur qui nous avons pu mettre un visage et pour qui nous connaissons un morceau de vie. Nous l’honorons ici, comme toutes celles et ceux qui, pris dans la tourmente de la grande guerre, connurent un destin similaire. RG
Merci à Joël de nous avoir permis de parler de son aïeule.
A gauche, l’ouvrière travaillant en 1917 à la Cartoucherie ressemble fort à Pascuala. Peut-être est-ce elle ? En tout cas l'une de ses collègues.
C'est au hasard de nos déambulations sur internet que nous avons trouvé 4 cartes concernant des cartouchières ou cartouchiers de différentes époques. Toutes proposées à la vente sur un site bien connu des collectionneurs ces cartes ne sont donc pas en notre possession.
28 janvier 1944
Carte d'identité EFPN (Ecole de Formation Professionnelle Nationale) de
Roger LAMAZÈRE
Roger n'effectuera pas sa carrière à l'ATE : Magicien, il ouvrit en 1956 un restaurant à Paris qui connut un succès considérable auprès du tout-Paris de la politique et de la gourmandise.
Il figure au Who's Who in France.
C’est en consultant le site des Archives Municipales de la ville de Toulouse et en étudiant différents plans de la ville à travers les âges, que cette question s’est naturellement posée à nous.
C’est en effet sur le plan datant de 1847 que l’on constate la présence de l’hippodrome, juste en dessous de l’Ecole d’Artillerie En voir le détail ci-contre ->
C'est en cherchant à en savoir davantage que nous avons trouvé sur ACTU TOULOUSE un article sur l'histoire de l'hippodrome de la Cépière. Extrait :
" ... en 1840, une première journée de courses est organisée sur la prairie des Filtres. Sept ans plus tard, les réunions hippiques se déroulent sur le terrain militaire du Polygone, au nord de la route de Lombez avant que celles-ci ne soient déplacées 20 ans plus tard à La Cépière, à l’initiative de la Société Sportive des Courses de Toulouse. (Texte de Mathieu Arnal) "...
Ainsi, l’hippodrome de Toulouse fût bien installé sur le terrain du Polygone durant 20 années, de 1847 à 1867, (ce qui explique son apparition sur le plan de 1847).
Autre document conservé aux Archives Municipales : une affiche annonçant les courses des mois de juin et juillet 1862 à l’hippodrome du Polygone (comme il y est précisé).
Que peut-on déduire de l'analyse de ces documents ?
Si l’hippodrome a fonctionné durant deux décennies sur nos terres, nous pensons qu’à cette époque, la plus longue ligne de tir (1650 mètres) n'est plus utilisée sur le terrain du Polygone. Pourtant, celui-ci continue toutefois à servir de champ de tir sur la partie Nord Ouest du site comme l'indique ce même plan.
Créé en 1802 pour tester les canons fabriqués à l'Arsenal et accueillir les servants de l'Ecole d'Artillerie, le champ de manœuvre du Polygone perd peu à peu de son utilité. Il assurera brièvement un nouveau rôle en 1870, à l’occasion de la guerre contre les prussiens : on y reverra alors, mouvements de troupes et exercices de tir.
Mais cela est une autre histoire sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir …. RG.