Bureaux d'études et méthodes munitions


Les Services Méthodes de la Cartoucherie couvraient quatre secteurs d’activités :

  1. Le secteur de la fabrication des éléments de munition douilles et obus tous calibres confondus
  2. Le secteur fabrication des cartouches et les activités s’y rattachant comme la pyrotechnie et le conditionnement
  3. Le secteur chargé de la définition des vérificateurs pour les contrôles en chaîne et le contrôle final
  4. Le secteur chargé de la conception des équipements machine et appareillages spéciaux.

La principale mission de ces services qui avaient directement en charge les éléments de munition et la fabrication de la cartouche était de mettre tout en œuvre afin que les douilles, obus et cartouches soient réalisés en conformité avec le dossier de définition. Cette mission portait plus précisément sur les points suivants :

  • La rédaction des spécifications techniques d’approvisionnement matière
  • L’étude des plans de fabrication détaillés décrivant avec précision toutes les opérations de la gamme en listant les outillages, la machine, les réglages et les contrôles
  • L’optimisation des procédés de fabrication avec l’objectif de réduire les coûts
  • La conception, la définition des outillages et des vérificateurs

A ce titre, les services Méthodes assuraient le lien avec les services étatiques  détenteurs des dossiers de définition en veillant au bon déroulement des opérations dans le respect des gammes de fabrication qui avaient été qualifiées.

Les autres missions plus marginales portaient sur :

  • La veille technologique
  • Le développement de nouvelles munitions sur financement étatique
  • L’adaptation et évolution des gammes de fabrication suite à investissements
  • La qualification des nouveaux procédés

Ainsi, la conception du plan de fabrication, l’étude et la conception des outillages de presses (poinçons, matrices qui étaient consommables), relevaient d’un ‘savoir-faire’ incontournable. La fonction ’Méthodes’ était au cœur du métier et s’appuyait sur un large réseau de connaissances que l’on peut résumer ci-dessous.

  • L’échelonnement des opérations de déformation fondé sur des calculs prévisionnels de taux d’écrouissage pour obtenir un processus équilibré
  • La conception des outillages de presse basé sur l’expérience, et l’utilisation de moyens de calculs modernes : éléments finis, viscoélasticité, modélisation des profils par lissage de courbes, tracé des courbes d’écrouissage
  • Une bonne maîtrise de la métallurgie des matériaux mises en œuvre pour la réalisation des éléments de munition
  • Une bonne connaissance et maîtrise des traitements de surface
  • Une excellente connaissance (*) des aciers à outils ainsi qu’un savoir-faire dans la réalisation des outillages

Ce socle de connaissances permettait d’assurer la fabrication de produits sans défauts de surface ni décohésion tout en garantissant la conformité géométrique et fonctionnelle.

Par ailleurs, ils assuraient une tenue en service avec l’obtention de rendements d’outils élevés (30 000 à 90 000 produits par outillage) ; là encore, compte tenu du coût élevé de ces derniers, ils pouvaient peser lourdement sur le coût de revient du produit si les rendements prévisionnels n’étaient pas tenus !

(*) Cette connaissance portait essentiellement sur les points suivants :

  • Aciers à très hautes caractéristiques mécaniques (1700 MPa pour des frettes par exemple et bien au-delà pour des éléments soumis à l’usure)
  • Traitements thermiques associés, fours sous vide en lieu et place des traitements en bains de sel
  • Traitements superficiels de durcissement (dépôts CVD, PVD, carbonitruration)
  • Inserts en carbure de tungstène frittés et dimensionnement
  • Frettage des matrices (simple, double) dimensionnement et réalisation.
  • Contrôle et vérification des profils (moyens optiques et tridimensionnels)
  • Rectification des profils en « plongée oblique » avec une meule dont le profil était réalisé en CN.

Tous ces éléments constituaient la véritable propriété industrielle du fabricant et ce savoir-faire était parfois jalousement protégé car il constituait un réel caractère de compétitivité en assurant des gains de productivité significatifs.

Le plan d’ensemble ci-dessous montre l’organisation très classique des outillages pour une opération d’étirage sur presse horizontale Oerlikon.

Pour résumer vraiment très brièvement une des missions des services Méthodes était de concevoir cet ensemble et de définir (plan de détail) chaque élément.

 


DOCUMENT MÉTHODE DE 1947


L'open space était déjà inventé


De la planche à dessin à l'établi.